Je suis insupportable. Mais pas pour la raison que vous imaginez !

Je vous l’avoue, l’idée de jeter l’éponge a souvent murmuré à mon oreille. Laisser tomber la page, le blog. Récemment, l’article de journal n’a pas réussi à capter l’image ni le message que mon cœur souhaitait transmettre. Puis, il y a eu des retours inattendus. Chacun entend ce qu’il veut, et c’est la règle du jeu. Heureusement que je ne peux pas vous forcer à adopter mes idées !

Pour ceux qui me découvrent, mon histoire est parfois réduite à une simple équation de la misère. J’ai, malgré moi, laissé entrevoir la vision la plus sombre du handicap : celle d’un homme alité, entièrement dépendant des soins constants de son épouse. J’ai livré un récit sinistre, un cauchemar que l’on préfère éviter, bien loin de la douce réalité que je voulais partager.

Et, j’ai compris. C’est cette chaise dans laquelle on ne me voit pas toujours. C’est le handbike qui donne cette image. J’ai peut-être donné l’impression que je ne sors de ma maison que pour rouler avec la bête. Mais non. Parfois, je pars tout simplement, comme tout le monde, me promener après une journée de travail, après les courses ou après m’être occupé de mes enfants.

Mon épouse a reçu un message de soutien pour la vie difficile que je lui faisais vivre ! En fait, en vrai, c’est pas faux : je m’en excuse, je suis insupportable. Mais pas à cause de mon physique, bien sûr… seulement à cause de mon caractère !

En vérité, je pensais laisser tomber. Parce que cette image réductrice n’était pas celle que je voulais offrir. C’était frustrant. Et puis, je me suis dit que ce que je voulais démontrer, je n’avais pas encore pu le faire. Que je devais peut-être persévérer. C’était l’idée de base : casser ce cliché avec bienveillance et vérité.

Mon rêve est de dépeindre le handicap non pas comme la fin du monde où le ciel nous tombe sur la tête, mais comme un chemin différent. Bien sûr, c’est embêtant. Ce n’est pas drôle tous les jours. Bien sûr, on ne vit pas la même vie que la majorité. Mais la vie vaut la peine d’être vécue. Et elle peut être géniale, même comme ça. On peut même y vivre des aventures uniques !

Je veux réussir à vous faire oublier cette chaise, ces béquilles, cette jambe tordue. Mon quotidien est fait de joies, de défis, et d’une quantité égale d’amour et de petits tracas, comme chez vous.

Mon seul et unique message est celui-ci : n’ayez pas peur de me voir, moi. Voyez-moi comme quelqu’un capable d’aimer et d’être aimé. Au fond, n’est-ce pas la seule chose qui compte vraiment ?